Les anciens dortoirs : des héritages “notables”
S’il est bien quelque chose de pittoresque dans les grandes villes vietnamiennes, ce sont les vieux immeubles collectifs ou communautaires datant des années 1970 que l’on retouvent jusque dans les centre-villes.
Des habitations hétéroclites
Si, ce qui marque le plus à Hanoi, ce sont les vieux immeubles peints en jaune, à Saigon, ce qui est très spécial, ce sont les vieux appartements.
Saigon n’est pas seulement animée, bondée ou très éclairée avec de nombreux gratte-ciels, Saigon a aussi des endroits paisibles comme ceux-ci.
Les appartements ici ne sont pas peints dans des couleurs dominantes comme à Hanoi, mais ont un ton très clair et très doux.
Il y a des appartements qui ne sont que des cafés joliment décorés, et il y a des appartements qui regorgent de magasins de vêtements très divers et spéciaux.
Mais partout il y a encore de vieux petits appartements habités par des familles, dont la plupart y vivent depuis de nombreuses années.
Ainsi derrière le glamour et le luxe des gratte-ciel modernes, des rues animées avec de nombreuses boutiques lumineuses… les vieux dortoirs d’Hanoï ou de Saïgon sont toujours tranquillement blottis dans un coin quelque soit la rapidité avec laquelle la transition du temps change !
Une spécificité d’Hanoi
L’habitat traditionnel de Hanoi ressembla pendant longtemps à ce que l’on peut trouver dans le Vieux Quartier de la capitale, à savoir des maisons étroites et hautes.
Après l’indépendance du pays en 1945, la ville commença à être aménagée différemment et de nouveaux logements virent le jour. C’est notamment le cas des Khu Tạp Thẻ (KTT), ces lotissements d’habitat collectif dédiés alors à accueillir les personnes travaillant dans les administrations et dans les entreprises d’État, inspirés de l’urbanisme soviétique.
Représentant le fruit d’un mélange d’idéologie moderne venue d’occident, ces nouveaux modèles de bâtiments bénéficient de soutiens soviétiques, et des voisins asiatiques.
A Hanoï, les murs jaunes sont proches les uns des autres, ils sont peints avec des écailles d’or, les cadres en fer sont rouillés et décolorés comme pour marquer chaque étape des changements de la ville.
Avec les escaliers teintés du temps, avec la rampe centrale si reconnaissable à ce genre d’habitations, avec les jolies fenêtres, et les couloirs scintillants de soleil… c’est comme se remémorer des souvenirs d’enfance.
Les anciens dortoirs sont exigus, vieux comme les personnes agées assises tranquillement à regarder tout autour d’elles, respirant paisiblement l’agitation de la vie. Toutes ces choses simples peuvent ne pas être remarquées par tout le monde, seuls ceux qui y sont attachés ou amoureux et curieux d’un vieux Hanoï peuvent le voir.
Auparavant, ces appartements avec des piliers en bois étaient une fierté des résidents. Contrairement à l’aspect extérieur des bâtiments en béton rugueux, la vie des habitants de KTT est bien vivante, flexible et empreinte d’humanité. Si la génération des parents et grands-parents partageait avec leurs voisins un mode de vie durant les moments difficiles de la guerre et de la période des subventions, les enfants se sont rapprochés en grandissant en jouant ensemble à des jeux, des activités communes sur les pelouses, des aires de jeux entre les immeubles, dans les salles de classe. près de la maison.
Un paradis de souvenirs en délabrement
L’existence des KTT a fourni un logement à des centaines de milliers de ménages vivant et travaillant à Hanoï. Cependant, ces dernières années, de nombreuses zones urbaines ont été gravement dégradées, affectant la vie des habitants. De nombreux ménages souhaitent être relocalisés pour assurer la sécurité, tandis que de nombreuses personnes souhaitent rester pour la stabilité économique. La recherche sur les zones urbaines à Hanoï met non seulement en évidence l’état actuel des zones urbaines, mais montre également les besoins et les tendances de résidence de divers groupes de résidents vivant ici.
Aujourd’hui, des centaines de vieux dortoirs sont sévèrement délabrés et beaucoup de KTT subsistent aujourd’hui en l’état, comme un témoignage d’un passé socialiste qui, s’il marque encore les habitudes des populations âgées, se révèle bien loin des aspirations modernes de la jeune génération.
Sous la pression d’une population en croissance rapide et la nécessité d’un nouveau développement urbain, de nombreux espaces collectifs ont été rénovés et agrandis spontanément, perturbant la structure et la planification d’origine… créant un aspect décoiffé, si caractéristique de la capitale vietnamienne.
Les habitants eux mêmes construisirent des extensions à leurs logements afin de gagner en espace et en intimité. C’est comme cela que l’on peut voir aujourd’hui de l’extérieur les “cages de tigre“, ces pièces ajoutées permettant notamment aux habitants de ces appartements exigus de faire sécher leurs linges. Un phénomène d’extension qui symbolise l’ouverture du pays au capitalisme, et au libéralisme.
Outre la vie moderne, cette architecture ancienne unique avec des fenêtres horodatées ou avec des “cages de tigre” semble porter l’âme d’un Hanoi ou d’un Saïgon, comme l’ancienne génération prend du recul pour regarder en silence le visage de leur ville changer.
L’habitat en Khu Tạp Thẻ, s’il apparait désuet et ancien dans son esprit socialiste d’autrefois, pourrait être le lieu de nouveaux projets collectifs à fort potentiel artistique. La question reste de savoir si ces KTT résisteront à la forte pression spéculative actuelle… ce qui est loin d’être gagné d’avance.